05 - Vares - da la Torgue à Arx


 

De la Torgue à la bataille d’Arx

Le rôle des Républicains espagnols dans la Résistance française est souvent méconnu et sous-estimé. Pourtant, leur expérience de la conduite des opérations de guérilla, acquise pendant la Guerre d’Espagne, a été appréciée et parfois salvatrice pour la Résistance française, qu’elle soit communiste ou gaulliste. Le maquis de la Torgue est un exemple emblématique de la symbiose qui a existé entre les combattants français et les Guerrilleros espagnols, aux moments les plus difficiles des combats pour la libération du territoire. Afin d’illustrer ce propos, nous allons évoquer deux figures de ce maquis.

Jaime OLIVES alias « Canada »

Jaime OLIVES est né le 3 janvier 1922 à Pons dans la province catalane de Lérida. Il est âgé de 14 ans lorsque des généraux félons se soulèvent, le 17 et le 18 juillet 1936, pour tenter de renverser la République. Au début de la Guerre d’Espagne, la Catalogne reste dans le camp républicain parce que la classe ouvrière réussit à neutraliser les putschistes, en particulier à Barcelone. Trop jeune pour servir dans les rangs de l’armée républicaine, Jaime Olives organise des collectes pour le compte du Secours Rouge, en faveur des madrilènes qui luttent pour éviter l’encerclement de la capitale espagnole par les fascistes.

La région où il habite est limitrophe du front de l’Aragon, et le Secours Rouge reçoit les blessés venant du front tout proche. Jaime Olives, qui travaille pour cette organisation, est amené à côtoyer les militaires du Bataillon de choc du 11e corps d’armée. Ce dernier lui fournit un laisser-passer qui lui facilite les déplacements pour le compte du Secours Rouge et de l’armée.  

La première mission que lui confie l’armée consiste en une tâche difficile et ingrate. Il est chargé de récupérer les papiers et les effets personnels des soldats morts au combat, puis de prévenir leur famille. Au cours de ses missions pour le Secours Rouge, accompagné d’un chauffeur, il lui arrive aussi d’assurer la fonction d’agent de liaison pour l’armée. Il lui arrive même de se rendre à Barcelone et parfois de ravitailler cette ville, quand elle se retrouve sous la pression des fascistes et soumise à d’intenses bombardements sur la population civile.

Au moment de la bataille de l’Ebre, le Secours Rouge demande à Jaime de monter un poste de secours pour accueillir la population impactée par les combats. Lorsqu’il revient à Barcelone, fin 1938, la situation est critique. Les franquistes, grâce à l’appui des Allemands et des Italiens, submergent les forces républicaines. Jaime, sous l’autorité du Secours Rouge, doit préparer le repli vers le Nord. Il part pour Ripoll, dans la province de Gérone. Comme il l’a déjà fait trois fois à Canfranc, dans le Haut-Aragon, il trouve un premier local puis un second, et chaque fois, il recrute du personnel féminin pour prendre soin des réfugiés. Pour les nourrir, il récupère des rations auprès de l‘intendance de l’armée.

En relation avec la Croix Rouge internationale, Jaime évacue vers la France un premier groupe d’enfants qui ont été abandonnés à la suite du chaos qui règne dans le Nord de la Catalogne. Le 9 février, il ramène en France le dernier groupe d’enfants dont il a la charge. Depuis trois jours, les autorités françaises ont ouvert la frontière aux hommes valides et aux militaires espagnols. En peu de temps, environ 500 000 personnes arrivent en France.

Il n’est plus question, pour Jaime, de revenir en Espagne. Mais de ce côté-ci de la frontière, sa situation n’est guère meilleure. Les réfugiés espagnols sont parqués dans les camps de concentration où ils survivent dans des conditions misérables. Par chance, il rencontre un Brigadiste International qui l’aide à prendre un train en partance pour le Sud-Ouest. En compagnie d’autres réfugiés, Jaime longe la vallée de la Garonne. A la gare de Marmande, Jaime et une cinquantaine de réfugiés sont dirigés vers la Sauvetat-du-Dropt, pendant que d’autres compagnons sont déjà descendus à Agen.

Une partie de la population locale, intoxiquée par la propagande anti espagnole de la presse conservatrice, les assimile à de dangereux rouges qui ont bouffé du curé. Une pétition demandant l’expulsion des étrangers contraint le Sous-préfet de Marmande à déplacer une trentaine d’Espagnols, dont Jaime Olives, vers Tonneins. Les réfugiés sont nourris et logés mais ils n’ont pas le droit de travailler. Sans ressources, Jaime Olives trouve à s’occuper dans une ferme jusqu’à la fin de l’été 1939. Puis il accepte un travail de vendeur sur les marchés de la région, et son employeur lui procure des papiers provisoires.

En avril 1940, son patron est mobilisé. Jaime Olives trouve du travail dans une carrière près de Cancon. Son nouvel employeur lui décroche une carte d’identité valable pendant cinq ans. Le 17 juin 1940, dans le restaurant où il déjeune, et après le discours de Pétain à la radio, à la suite de la signature de l’armistice, Jaime Olives est transformé en victime expiatoire qui permettrait à certains Français de se dédouaner du malheur qui les frappe. Son patron lui conseille de quitter le village et d’aller travailler à Villeneuve-sur-Lot,

A Villeneuve-sur-Lot, Jaime Olives s’intègre facilement dans le cercle des réfugiés espagnols. L’installation de l’occupant allemand, en France, questionne particulièrement cette communauté. Elle crée un des premiers comités de solidarité susceptible de protéger ceux de ses membres qui pourraient être inquiétés. Des liens sont noués avec la diaspora locale issue de l’émigration économique espagnole. Des femmes, réfugiées espagnoles, mettent à profit ce réseau pour faire venir leurs maris, toujours internés dans les camps de concentration français. Grâce à son expérience acquise avec le Secours Rouge, Jaime Olives devient une des chevilles ouvrières du comité de solidarité villeneuvois.

L’efficacité de l’entraide du comité espagnol attire d’abord l’attention des gaullistes puis celle des communistes français qui cherchent des appuis et des gens entraînés pour constituer les premiers réseaux de résistance face aux autorités collaborationnistes de Vichy. Les Espagnols acceptent de participer mais tiennent à rester indépendants. Lorsque les premières arrestations d’opposants au régime de Vichy ont lieu dans le villeneuvois, les Espagnols se montrent solidaires de leurs compagnons français.

Après l’invasion de l’URSS par les nazis, les communistes, qui agissent déjà sur le terrain contre les fascistes, obtiennent l’aide de la direction de leur parti. Dans la clandestinité, dès l’été 1941, ils restructurent les comités locaux de solidarité en cellules de base. Puis au printemps 1942, ils regroupent ces cellules dans une union nationale, dont l’objectif principal est la reconquête de l’Espagne après avoir chassé Franco. Jaime Olives, nationaliste catalan à l’origine, rejoint cette « Union Nacional Española » (U.N.E.), comme le fait un bon nombre de ses camarades, qu’ils soient communistes, anarchistes, socialistes ou simplement républicains.

Malgré le risque de l’arrestation, Jaime Olives, avec un de ses camarades, entreprend de rédiger, à la main, des tracts destinés à être diffusés pami les réfugiés espagnols. L’usine de Fumel est l’une de leur cible privilégiée. Dans cette entreprise, travaillant pour les Allemands, il y a le Groupement de Travailleurs Etrangers 505 qui compte plus de 700 Espagnols. Le 6 juillet 1942, une crevaison de la roue du vélo de José Oncino Torres provoque l’arrestation de 23 Espagnols dans tout le Lot-et-Garonne (voir fiche SMMP).

Le 7 juillet, Jaime Olives est arrêté à Villeneuve-sur-Lot. Il est passé à tabac et perd trois fois connaissance lors de son interrogatoire. Le lendemain, les 23 Espagnols arrêtés dans le département sont rassemblés à Agen pour être conduits à la prison Furgole de Toulouse. Pendant son incarcération, il est affecté à l’infirmerie de la prison où profitant de la distribution des médicaments, il transmet des informations aux détenus. Ainsi, lorsque le maréchal de Lattre de Tassigny arrive en détention, il est accueilli par une vibrante Marseillaise entonnée par les 400 détenus, ce qui vaut une suspension au directeur de la prison.

En novembre 1942, Olives est relaxé par le tribunal militaire, faute de preuves suffisantes. Cependant, au lieu d’être libéré, il est enfermé au camp d’internement de Noé, près de Toulouse. Par chance, au début de sa détention au camp de Noé, une connaissance le fait bénéficier d’un placement au camp de Casseneuil, dans le Lot-et-Garonne.

Après quelques jours passés à Casseneuil, Olives est affecté à des travaux d’électrification de la voie ferrée Bordeaux-Vintimille. A Agen, il devient un agent de liaison du groupe de Résistance « Libération ». Après avoir été repéré par les autorités, il entre dans la clandestinité le 3 mars 1943. Il se rapproche de Fernand Ducasse, un paysan qu’il a connu lorsqu’il travaillait sur les marchés, et à qui il avait donné quelques coups de main au moment de travaux agricoles. Ducasse est un agriculteur installé à Varès, près de Tonneins. Militant communiste du Front National pour la Libération de la France, il propose la création d’un maquis, en avril 1943, lors d’une réunion de résistants. Le jeune Olives devient l’agent de liaison du nouveau maquis de la « Torgue », formé en juillet 1943, dirigé par Pierre Géomar.

Mateo BLASQUEZ RODRIGUEZ, commandant « Marta »

Mateo Blasquez Rodriguez est né le 19 septembre1919 à Madrid. Analphabète et orphelin à 6 ans, il apprend les rudiments de la lecture et de l’écriture auprès de son grand-père maternel sans jamais fréquenter l’école. De passage à Madrid, au moment du coup d’état manqué des généraux putschistes, il réussit à s’engager dans l’armée républicaine, malgré son jeune âge et sa chétivité.

 Pendant la Guerre d’Espagne, il participe notamment aux combats de la Sierra de Guadarrama et du col de Somosierra pour empêcher l’encerclement de la capitale espagnole par les troupes de Franco. Juste avant la Retirada, il est en Catalogne. L’avance inexorable des franquistes, soutenus par les Allemands et les Italiens l’obligent à se replier vers la frontière française qu’il franchit le 12 février 1939 à Port-Bou. En l’espace de quelques jours, 500 000 Républicains espagnols font de même entre Bourg-Madame et Cerbère.

Le gouvernement français, dirigé par le radical-socialiste Edouard Daladier, n’exprime aucune compassion à l’égard de ces réfugiés. Le ministre de l’Intérieur, Albert Sarraut, les répartit dans des camps de fortune, qu’il dénomme « camps de concentration ». Ainsi, Mateo Blasquez va connaître les camps de Saint-Cyprien, d’Argelès-sur-Mer, du Barcarès puis celui de Septfonds. Il est ensuite affecté à la poudrerie de Sainte-Livrade-sur-Lot. Expédié en Mayenne, il est victime, en mai 1940, d’un grave accident du travail. Hospitalisé, il s’évade et revient à Sainte-Livrade-sur-Lot au moment de la débâcle de juin 1940. Retrouvé par la police de Vichy, il est affecté dans une ferme et dans une exploitation forestière landaise, en 1942. Après avoir fomenté une grève sur son lieu de travail, Blasquez doit s’enfuir pour échapper à la police. Il se retrouve à Agen, où il est arrêté et envoyé en Allemagne dans le cadre du Service du Travail Obligatoire (S.T.O.). Il se mutile alors les mains pour ne pas travailler pour les nazis. En avril 1943, il profite d’une permission sanitaire pour revenir en France et entrer dans la clandestinité à Castelmoron-sur-Lot.

Sous le nom de guerre « Marta », Mateo Blasquez est l’un des premiers à avoir rejoint le maquis de la Torgue. Son expérience acquise pendant la Guerre d’Espagne fait de lui un instructeur militaire. Quand il rejoint le maquis, en juillet-août 1943, l’effectif du groupe atteint la quarantaine de personnes. Parmi eux, on compte quatre Républicains espagnols. Outre « Marta », il y a Jaime Olives, Diaz, et Gregorio Burgueño.

Le maquis de la Torgue

Au début de son existence, le maquis se dissimule dans un fourré, près de la rivière de la Torgue, sur une ferme appartenant à Fernand Ducasse. Planqué dans un trou, il rassemble dix ou douze maquisards, silencieux le jour et actifs la nuit.

Ce maquis est sous la responsabilité de Gérard Duvergé, chef départemental des Mouvements Unis de la Résistance (M.U.R.), de la tonneinquaise Renée Badie de « Libération » et de Fernand Ducasse des Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P.). Les trois-quarts des participants sont de jeunes hommes venant des fermes voisines et réfractaires au S.T.O. Pour seules armes, ils ont un fusil et un révolver.

La configuration géographique du tonneinquais, zone peu boisée, ne permet pas de soustraire la présence de 40 hommes au vu et au su des autorités policières, sans un fort soutien de la population locale. En effet, sans moyens financiers et sans armes, le maquis ne peut tenir qu’avec la fourniture de vivres par la paysannerie, majoritairement de profonde convictions républicaines, en échange de travaux agricoles effectués par les maquisards. Le risque d’être arrêtés et torturés par la police de Vichy ou la police allemande sont les mêmes pour les habitants et pour les combattants : l’envoi en résidence surveillée, l’internement dans un camp disciplinaire, l’envoi dans l’organisation Todt pour construire le Mur de l’Atlantique, l’envoi au S.T.O. ou dans les camps de la mort en Allemagne, ou pire, la mort devant un peloton d’exécution.

Sympathiser avec les Rouges espagnols n’est pas bien vu par l’administration vichiste. Pourtant, nombreuses sont les fermes, sur les côteaux de Guyenne, qui accueillent des réfugiés Républicains espagnols, tout comme des réfugié français venus des grandes villes voisines ou du Nord de la Loire. A partir de l’automne 1943, le maquis de la Torgue doit être scindé en plusieurs groupes, stationnés sur d’autres sites, en raison de l’arrivée massive de nouveaux réfractaires au S.T.O. et des ressources locales insuffisantes.

L’armement de ces groupes F.T.P. devient crucial. Sans armes, il n’est pas possible de participer efficacement au combat contre le fascisme. De leur côté, les maquis de l’Armée Secrète (A.S.), sous contrôle gaulliste, sont armés par le biais des parachutages anglais. Bien qu’il existe une interdiction formelle de céder des armes aux maquis communistes, une certaine porosité existe et les premières mitraillettes Sten, accompagnées de quelques grenades, apparaissent dans le maquis de la Torgue. A partir de ce moment, des collectes d’armes et de munitions, cachées par les maquis amis, sont réalisées des deux côtés de la Garonne.

Au mois de novembre 1943, une quarantaine d’hommes est opérationnelle sur les côteaux de la rive droite du Lot, entre Tonneins et Laparade. Une intense activité axée sur les sabotages, la récupération d’armes, la neutralisation de collaborateurs et de mouchards expose le maquis à des rencontres fortuites avec la police et la gendarmerie françaises. Souvent, ces deux dernières se montrent moins tatillonnes et n’interviennent pas, mieux, elles fournissent de précieux renseignement, car le mythe de l’invincibilité de la Wehrmacht a été mise à mal sur le front de l’Est à Stalingrad.

Fin décembre 1943, le maquis de la Torgue livre des armes à Villeneuve-sur-Lot pour préparer l’évasion des prisonniers politiques de la Centrale d’Eysses. En janvier 1944, à Tonneins, le maquis organise deux tentatives d’exécution du chef milicien Audebez et de son acolyte Vialatte. La deuxième tentative ayant échouée, le 11 janvier, le maquis doit se replier sur un secteur moins exposé, à Allons, au Sud de la Garonne.

Installé à l’Ouest de Houeillès, dans la forêt landaise, le maquis de la Torgue devient le « Bataillon Arthur » en hommage à André Delacourtie, alias « Arthur ». Le 9 octobre 1943, ce commandant F.T.P. a été abattu d’une balle dans la poitrine, dans l’église Saint-Hilaire d’Agen, par la police toulousaine, venue l’arrêter.

Le 4 février 1944, alors qu’il est cantonné dans une ferme abandonnée, au milieu des pins, le Bataillon Arthur participe à une opération de désencerclement d’un groupe de maquisards, attaqué par 180 Gardes Mobiles de Réserve (G.M.R.). Obligé de lever le camp, le Bataillon part occuper une ferme dans la région de Cocumont, dans le marmandais.

Au mois de mars 1944, le Bataillon retourne dans la forêt landaise. Répartis sur plusieurs cantonnements, ses détachements se livrent alors à une intense activité de sabotage du matériel allemand destiné à produire du bois pour l’organisation Todt, sur le Mur de l’Atlantique. Les explosifs sont fournis par le Bataillon Néracais, dont le chef, Gabriel Lapeyrusse, nourrit de la sympathie pour la cause des Républicains espagnols.

La riposte des Allemands et de leurs collaborateurs français est immédiate, leur arme préférée : le feu. Innombrables sont les incendies de forêt destinés à déloger les maquisards. Heureusement, la solidarité paysanne, toujours à l’œuvre malgré les représailles et les exécutions sommaires, permet au maquis d’échapper à l’anéantissement.

Le détachement « X »

A ses débuts, le maquis de la Torgue avait 4 Républicains espagnols dans ses rangs. Mais au fil des mois, de nombreux Espagnols viennent grossir cet effectif. D’autre part, des alliances, nouées avec d’autres groupes de combattants, dont des guérilleros espagnols originaires d’autres secteurs du département des Landes et de la Gironde, favorisent la création d’une unité exclusivement composée de combattants espagnols, au printemps 1944.

Cette unité prend le nom de Détachement « X » et elle se place sous le commandement direct de Marta, qui reste, en même temps, le responsable technique du Bataillon Arthur, son instructeur militaire et le responsable de l’armement. Le poste de commandement du nouveau détachement est installé à Lestaget, sur la route d’Allons à Sauméjan.

Pour Marta, c’est le début d’une nouvelle aventure au sein de la résistance des Guerrilleros espagnols. José Baron Carreño, un guérillero espagnol de Paris, vient le voir, dans son P.C., pour lui confier le commandement de toutes les unités espagnoles dispersées entre Bayonne et Angoulême.

L’objectif de cette nouvelle organisation de la guérilla espagnole est double. Il s’agit, dans un premier temps de participer, aux côtés des Français, à la libération de la France, puis dans un second temps, de retourner cette force espagnole contre le régime de Franco.

Les premiers combats pour la libération du territoire

Le débarquement des Alliés sur les plages normandes, le 6 juin 1944, marque le démarrage de l’insurrection tant attendue. Dès le 7 juin, les maquisards libèrent Allons et Sauméjan, le 8, c’est le tour de Houeillès, puis le 10, la ville de Casteljaloux est libérée. La réaction allemande ne se fait pas attendre, des avions, partis de leur base de Mont-de-Marsan, bombardent Houeillès les 13 et 14 juin, faisant deux victimes parmi la population, malgré les mesures prises par le maquis pour évacuer les habitants vers la forêt voisine.

Le harcèlement des colonnes allemandes qui sillonnent les routes venant des Landes et de la Gironde est incessant. Entre 350 et 400 résistants tendent des embuscades et disparaissent immédiatement dans les bois que les Allemands hésitent à investir. Ils préfèrent terroriser la population en attaquant de front les villages. Le 17 juin, une importante colonne allemande occupe Allons, met le feu à la forêt, brûle le P.C. de Lestaget et déporte plusieurs habitants du village. Après cette bataille, le Bataillon Arthur déplore 3 tués et 2 blessés. Il est obligé de se replier sur le secteur de Boussès-Arx. Le 20 juin, les Allemands, accompagnés de miliciens français, reviennent à Houeillès et font 4 victimes civiles. Dans cet affrontement, le Bataillon perd 2 hommes. La répression s’étend vers Durance qui compte 2 victimes civiles. Le 25 juin, des SS allemands attaquent Allons. Ils fusillent un habitant, brûlent des maisons et pillent le village. 4 résistants perdent la vie pendant l’accrochage. Le 30 juin, toujours à la recherche des maquis, les mêmes SS reviennent à Allons et brutalisent la population.

La bataille d’Arx – 20 et 21 juillet 1944

Début juillet 1944, le Bataillon Arthur et tous ses détachements annexes se positionnent sur le secteur d’Arx, dans le département des Landes et limitrophe du Lot-et-Garonne. Les maquisards sont répartis en différents points autour du village.

Le 20 juillet, vers 13 heures, une colonne allemande, composée de nombreux camions et de chenillettes blindées, entre dans Arx. Elle est prise sous le feu nourri des maquisards qui, dans un premier temps, la repousse sur la route de Sos. Mais la puissance de feu des Allemands leur permet de revenir à la charge. Ils traversent le village et poursuivent vers le pont de Saucate que le Bataillon Néracais vient de miner. L’explosion détruit le tablier avant le passage de la colonne, obligée de revenir sur ses pas. Marta réussit à la bloquer en lançant une grenade Gammon sur l’une des chenillettes. De violents combats sont alors livrés jusqu’à la nuit tombante, ponctués par le crépitement des armes automatiques, les tirs de mortier, et les explosions des grenades offensives. Une pluie orageuse providentielle empêche les Allemands d’incendier la forêt.

Le lendemain, les Allemands reviennent pour récupérer leur engin blindé endommagé. Les maquisards engagent de nouveau le combat. Les Allemands comblent l’espace laissé par le tablier du pont effondré, font la jonction avec une autre colonne ennemie, venue de Meylan et repartent vers Sos et Nérac. En retraversant Arx, ils prennent 4 civils en otage, les chargent sur un camion découvert, parmi une vingtaine de soldats allemands morts pendant les accrochages. Les 4 otages sont relâchés, en pleine nuit, à Nérac.

Ces deux journées ont été les plus éprouvantes pour la Résistance et pour la population civile, car le bilan humain est lourd. Le 20 juillet, du côté des maquis, il y a 6 tués, et parmi les civils, il y a 4 personnes assassinées. 4 maisons et fermes ont été incendiées. Le 21 juillet, 2 résistants sont tués, ainsi que 4 civils. 6 fermes sont incendiées.

 

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